Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la Côte sont maîtres de la ville, dit-elle avec orgueil, les Espagnols ne peuvent rien contre eux ; l’Olonnais viendra bientôt avec d’autres frères de la Côte, pour vous protéger contre tout danger.

— Je vous remercie, jeune fille, répondit la duchesse, mais je ne crois pas que nous ayons des dangers à courir ; d’ailleurs, il en serait autrement, que cette protection si généreusement offerte par l’Olonnais, nous ne pourrions l’accepter.

— Pourquoi donc cela ? demanda Fleur-de-Mai avec surprise.

— Parce que la duchesse de la Torre et sa fille sont Espagnoles ; qu’elles ne veulent et ne doivent accepter la protection des hommes, qui se sont par surprise emparés d’une ville appartenant au Roi d’Espagne.

— Je ne vous comprends pas, madame, répondit Fleur-de-Mai ; je ne vois pas quel intérêt peut avoir le Roi d’Espagne dans cette affaire. Si le duc de la Torre est Espagnol, il était aussi l’ami des flibustiers ; en cette qualité, il n’a pas le droit de refuser leur protection ; quoi qu’il arrive, l’Olonnais m’a fait promettre de ne pas vous quitter jusqu’à son arrivée ; cette promesse, je la tiendrai.

— Je vous remercie, chère enfant, votre dévouement m’est précieux, reprit la duchesse ; mais, ajouta-t-elle avec un doux sourire, j’espère qu’il ne sera pas mis à une trop rude épreuve. Causez avec ma fille, pendant que je m’assurerai de l’exécution des ordres que j’ai donnés. Vous vous aimez, vous ne manquerez pas de bonnes paroles à vous dire.

La duchesse s’inclina légèrement et quitta le cabinet,

— Pourquoi donc ta mère n’aime-t-elle pas les flibustiers ? dit la jeune fille en se rapprochant de Violenta, ils ne lui ont pourtant jamais fait de mal ?

— C’est vrai, chère petite, non-seulement ils ne lui ont pas fait de mal, mais ils lui ont rendu de grands services ; il en est un surtout…

— L’Olonnais, n’est-ce pas ? interrompit vivement Fleur-de-Mai.