Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/294

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sayer de me tromper ? Allez, vous m’inspirez plus de pitié que de mépris ! je vous ai dit que Dieu vous punirait ; avant vingt-quatre heures, vous subirez le châtiment que je vous ai prédit !

— Enfant, vous êtes folle ! ces rodomontades ne sont plus de saison ; je suis le maître ici, nul ne saurait s’opposer à ma volonté, quelle qu’elle soit.

— Essayez donc de me l’imposer cette volonté, misérable ! s’écria-t-elle en prenant avec une énergie fébrile un des pistolets passés à sa ceinture ; essayez et vive Dieu ! je vous abats à mes pieds, comme un chien enragé que vous êtes !

— Jeune fille ! jeune fille ! prenez garde encore une fois ! vous abusez trop des immunités qu’on vous a laissé prendre ! je pourrais me fatiguer d’être insulté par vous ?

— Je n’ajouterai qu’un mot, fit-elle avec un écrasant mépris ; ce mot le voici : Je vous défie ! entendez-vous bien ? je vous défie de pénétrer dans cet appartement qui, désormais, est le nôtre, sans notre autorisation ! et maintenant, sortez !

Le Chat-Tigre sourit avec ironie, cependant il s’inclina et se retira.

La jeune fille prêta un instant l’oreille, écoutant le bruit des pas jusqu’à ce qu’il se fût perdu dans l’éloignement ; puis sans prononcer une parole, elle entraîna les deux dames à sa suite.

L’appartement dans lequel les prisonnières avaient été renfermées, se composait d’une dizaine de pièces, très-convenablement meublées, et n’avait en rien l’apparence d’une prison ; ainsi que le Chat-Tigre l’avait annoncé les caméristes de la duchesse avaient été enlevées en même temps qu’elle et conduites dans cette maison, où elles étaient arrivées vingt minutes avant leurs maîtresses ; elles n’avaient pas eu à se plaindre de leurs conducteurs, avec lesquels elles n’avaient pas échangé un seul mot pendant le voyage ; ces braves filles, supposant que leurs maîtresses avaient besoin de prendre