Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/293

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nications intérieures ; l’homme paya sa dépense, monta sur son cheval, et prit à toute bride la direction de la Vera-Cruz.

Cependant la troupe du Chat-Tigre, guidée par l’hôtelier, après avoir franchi plusieurs chemins couverts, et traversé plusieurs cours, ce qui prouvait que cette habitation devait avoir eu jadis une grande importance, s’arrêta au bas d’un perron, devant un corps de logis assez considérable ; Fleur-de-Mai s’était tenue constamment auprès de la litière ; elle aida les deux dames à descendre.

— Suivez-moi ; dit laconiquement le Chat-Tigre.

L’hôtelier s’était éloigné ; on monta le perron ; Fleur-de-Mai ne quittait pas les deux dames d’une ligne ; quatre bandits, sans doute désignés d’avance, fermaient la marche. Le Chat-Tigre ouvrit plusieurs portes, traversa plusieurs pièces, et s’arrêta enfin devant la porte d’un appartement dont, sans doute, l’hôtelier venait de lui remettre les clés et qu’il ouvrit.

— Entrez ! dit-il d’un ton bref.

Les trois dames, sans répondre franchirent le seuil de la première pièce.

— Vous êtes ici chez vous, mesdames ; dit le Chat-Tigre avec une ironique politesse ; vos servantes ont été prévenues ; elles vous attendent.

— Monsieur ! dit la duchesse.

— Ne parlez pas à cet homme, madame ; dit vivement Fleur-de-Mai, en interrompant la duchesse ; ce misérable est indigne qu’on lui adresse la parole, autrement que pour le traiter comme il le mérite. On ne discute, ni avec les voleurs, ni avec les assassins ; on subit la loi qu’ils imposent, tant qu’on ne peut s’y soustraire.

— Fleur-de-Mai ! s’écria le Chat-Tigre.

— Que voulez-vous me dire encore ? reprit-elle avec hauteur ; vous vous êtes comporté envers moi comme un lâche et un misérable ; vous n’avez pas craint de mentir en me donnant faussement votre parole d’honneur ; quel mensonge inventerez-vous encore pour es-