— Hum ! je dis, mon cher capitaine, répondit le duc avec un sourire amer, que voilà bien des rachats… et tous ces rachats en bloc, forment la somme de ?…
— Oh ! un chiffre rond ; vingt millions de piastres.
Le duc fit un bond de surprise à l’énoncé de ce chiffre fantastique.
— Vous plaisantez ? dit-il.
— M. le duc, répondit froidement Vent-en-Panne, je ne plaisante jamais, quand il s’agit d’affaires.
— Mais vingt millions de piastres, y avez-vous bien réfléchi ?
— En effet, monsieur le duc, vous avez raison, je n’y ai pas bien réfléchi ; j’ai oublié les vases sacrés, les ornements sacerdotaux, et les reliques contenues dans les églises et les couvents. En estimant tout cela cinq millions de piastres ; je ne crois pas me montrer bien exigeant. Continuez, monseigneur, je suis certain que grâce à vous, je me rappellerai ainsi peu à peu une foule de choses, que j’ai oubliées ou peut-être négligées.
Le duc de la Torre se mordit les lèvres avec dépit.
— Mais enfin, monsieur, dit-il, vingt millions de piastres, c’est énorme !
— Pardon, monsieur le duc, permettez-moi de rectifier s’il vous plaît, ce n’est plus vingt millions, mais vingt-cinq, la différence est importante.
— Cependant il me semble, monsieur…
— Voyons, soyez de bonne foi, interrompit Vent-en-Panne avec bonhomie, vous trouvez ce chiffre de vingt-cinq millions de piastres exorbitant ; à première vue, en effet, il peut le paraître ; mais en y réfléchissant bien, on est contraint de reconnaître combien il est modéré et dépourvu d’exagération.
— Ah ! par exemple !
— Est-ce que vous vous chargeriez vous, monseigneur, pour vingt-cinq millions de piastres, de reconstruire une ville, de mettre à la mer six bâtiments de