succombé ? Lorsqu’enfin je pus quitter mon lit de douleur, toutes mes ressources étaient épuisées ; il ne me restait plus rien ; rien que le désespoir qui me tordait le cœur et la certitude de mon impuissance.
— Votre impuissance ! que prétendiez-vous donc faire, monsieur ?
— Ce que je prétendais faire, madame ? ce que j’ai essayé de faire il y a huit jours chez vous ; ce que je veux faire aujourd’hui.
— Mais quoi donc, enfin ? parlez, monsieur, ce long récit composé avec beaucoup d’art et qui, sans doute, vous semble très-émouvant, peut être vrai ou faux, cela importe peu ; mais sa conclusion doit évidemment être cette question, que dites-vous, vous voulez m’adresser ; finissons-en donc, monsieur ; cet entretien me fatigue ; vous l’avez dit, je suis Italienne, pas plus que mon frère, je ne pardonne ; donc venez au but.
— Le but, le voici, madame ; vous êtes riche, heureuse mère d’une fille que vous adorez et qui, je le reconnais, mérite toutes les tendresses d’une mère ; mais moi, madame, je suis seul, abandonné, voué à la misère et à la honte ; un seul bien me rattache à la vie : mon fils ! son amour pourra peut-être faire luire quelques rayons de bonheur au milieu des ténèbres dans lesquelles j’ai vécu jusqu’ici ; je ne vous répéterai pas ce que je vous ai dit, lors de notre première entrevue : rendez-moi mon fils ; non, maintenant j’ai acquis la certitude que, jusqu’à présent, vous avez ignoré son existence, et que par conséquent vous ne pouvez, ni me le rendre ni me révéler où il est.
— Cette fois vous dites vrai, monsieur ; c’est par vous que cette horrible révélation m’a été faite. Eh bien, je me montrerai franche à mon tour ; je désire, autant que vous, connaître le sort de cette malheureuse créature ; je ne puis l’avouer devant le monde, devant Dieu, je suis sa mère.
— Voici enfin un cri du cœur, madame, je vous en remercie ; il éveille en moi un espoir presque éteint ; oh !