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Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/328

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je vous le jure, ni vous ni votre mari, ne trouverez en moi un ennemi ; que mon fils me soit rendu ! que les moyens me soient seulement donnés de le retrouver, je disparaîtrai, madame ; jamais vous n’entendrez parler de moi.

— Mais, monsieur, ces moyens, je ne puis vous les fournir, moi ! puisque j’ignorais jusqu’à la naissance de ce malheureux enfant ; où le chercherais-je ? où le trouverais-je ? donnez-moi une indication, une seule, je n’hésiterai pas, je ferai preuve d’autant d’ardeur, d’activité que vous-même en mettrez, pour retrouver les traces de cet enfant qui jamais n’a senti sur son front le baiser d’une mère !

— Les recherches ne seront ni longues ni difficiles, madame ; il ne tient qu’à vous d’obtenir, avant vingt-quatre heures, tous les renseignements nécessaires.

— Je ne vous comprends pas, monsieur ?

— Je m’explique, madame ; l’expédition flibustière qui s’est emparée de la Vera-Cruz, presque sans coup férir, est commandée par le capitaine Vent-en-Panne.

— Eh bien, monsieur ?

— Vous n’avez pas deviné, madame ?

— Nullement, monsieur ; pourquoi mêler le capitaine Vent-en-Panne à cette affaire ?

— C’est juste, excusez-moi ; lorsque je vous vis dans votre palais, je vous le dis, mais alors vous ne l’entendîtes pas, ou ne voulûtes pas l’entendre : le capitaine Vent-en-Panne est le nom de guerre pris par votre frère, lorsqu’il résolut de se faire passer pour mort.

— Il serait possible ?

— Hélas ! oui, madame ; à cela il ne saurait y avoir le plus léger doute ; nous nous sommes mutuellement reconnus à Saint-Domingue ; cette reconnaissance a coûté la vie à mon frère qu’il a tué de sang-froid.

— Vous supposez que mon frère ?…

— Je ne suppose pas, madame ; j’ai la certitude que lorsque votre fils naquit, le docteur Guénaud et votre