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Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/339

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le gouverneur connaissait les magasins dans lesquels ils déposaient leurs marchandises, et jusqu’à leurs cachettes, en apparence les plus ignorées ; cela se conçoit, il était un des agents les plus actifs de la contrebande ; cette connaissance approfondie pouvait être, et fut en effet, d’un grand secours aux flibustiers.

Lorsque la troupe arriva à une demi-lieue del Potrero environ, elle fit halte pour prendre ses dernières mesures, et dresser son plan de bataille.

— Señores, dit Vent-en-Panne, nous approchons, paraît-il, du repaire des bandits que nous poursuivons ; je suis étranger dans ce pays, il m’est très-difficile d’émettre un avis sur ce qu’il convient de faire, je m’abstiendrai donc, quant à présent, de donner mon opinion.

— Je suis absolument dans la même position que l’amiral, dit alors le duc, je ferai donc comme lui.

— Soit dit sans attaquer en rien l’honorabilité bien connue de notre ami don Pedro Garcias, fit alors l’Olonnais, il me semble que si on l’interrogeait, il saurait mieux que personne nous renseigner ; il habite le pays depuis longues années ; ses affaires l’obligent à le parcourir de jour et de nuit dans tous les sens ; il doit le connaître mieux que personne.

— Eh, eh ! cher señor, répondit le Mexicain en souriant avec finesse, tout en tournant une cigarette entre ses doigts ; je connais beaucoup le pays, cela est incontestable, mais il y a parmi nous, plusieurs honorables personnes qui le connaissent aussi bien que moi ; qu’en pensez-vous, señor gouverneur ?

— Je partage assez cette opinion, répondit celui-ci, avec un sourire ambigu ; du reste je suis tout prêt à fournir les renseignements que je suis parvenu à me procurer ; ainsi moi, par exemple…

— C’est précisément ce que j’allais dire, interrompit le Mexicain ; je crois me rappeler, fit-il d’un ton goguenard, que vous avez été il y a un an ou deux, señor gouverneur, en marché pour acheter l’hacienda del