Le poignard se brisa sur la poitrine du flibustier, qui demeura ferme comme un roc.
— Ah ! misérable, c’est ainsi ! s’écria-t-il, merci, ma bonne cotte de mailles !
Et levant sa hache.
— Voilà le prix de ta trahison, renégat ! ajouta-t-il d’une voix rauque.
Chanteperdrix roula sur le sol le crâne fendu ; il se débattit quelques secondes dans les affres de la mort, puis il expira en poussant un rugissement terrible.
Vent-en-Panne repassa sa hache à sa ceinture, s’agenouilla près du cadavre, fouilla ses vêtements ; et ainsi qu’il l’avait supposé, il trouva un portefeuille fermé avec un cadenas, et dans lequel étaient renfermés sans doute les papiers si longtemps cherchés.
— Allons ! allons ! dit philosophiquement le flibustier en serrant précieusement le portefeuille dans son pourpoint, j’avais tort de me plaindre, je crois que décidément le Chat-Tigre, malgré toute sa finesse, s’est laissé prendre cette fois dans ses propres filets.
Il se releva, jeta un dernier regard de mépris sur le cadavre étendu à ses pieds ; puis il reprit à pas lents, mais fort satisfait cette fois, le chemin de l’ayuntamiento, où il ne tarda pas à arriver.
III
COMMENT VENT-EN-PANNE LUT LES PAPIERS QU’IL AVAIT ENLEVÉS À CHANTEPERDRIX ET CE QUI EN ADVINT
Au moment où Vent-en-Panne pénétrait dans l’Ayuntamiento, il y régnait un désordre si grand, que Montbarts lui-même était impuissant à le calmer.