Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/42

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— Oui, de sorte que nous allons les pendre.

— Ceci me paraît logique.

Les notables avaient senti l’espoir renaître dans leurs cœurs à l’entrée du vieux flibustier, dont la réputation de bonté était bien établie ; ils se reprirent à trembler de tous leurs membres, en entendant cette froide réponse.

Leur dernière planche de salut se brisait sous leurs pieds.

— Donc nous pendrons les señores ! s’écria Montauban tout joyeux.

— Un instant, dit Vent-en-Panne, rien ne presse encore ; expliquons-nous d’abord.

Et se tournant vers les notables, plus morts que vifs :

— Comment ? reprit-il, vous ne pouvez pas, à vous tous, réunir une misérable somme de cinquante mille piastres, pour sauver votre vie, et empêcher votre ville d’être totalement détruite ? Sur mon âme, caballeros, vous n’y avez pas réfléchi sans doute, ou peut-être vous figurez-vous que nous n’exécuterons pas nos menaces.

— Nous savons que vous êtes des hommes implacables, señor, répondit don Antonio Coronel ; mais il nous est impossible de réunir la somme à laquelle vous nous imposez.

— Cela est-il réellement ainsi ? demanda Vent-en-Panne d’un air d’intérêt.

— Je vous le jure sur l’honneur, señor.

— Oh ! oh ! cela devient sérieux, et si au lieu de 50,000 piastres, nous nous contentions de 40,000.

— Il nous est aussi impossible de payer 40,000 piastres que 50,000, señor.

— Ah ! diable ! alors j’en suis fâché pour vous ; cependant j’espère que vous réfléchirez ; je vous donne cinq minutes.

— Vous entendez ? ponctua Montauban.

— Nos réflexions sont faites, señor ; répondit froidement le Gouverneur.

— Bien vrai ? alors, señor, tant pis pour vous ; Tribu-