Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/50

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une perfection telle, que dans les derniers temps de mon séjour dans ce pays, les gens avec lesquels le hasard me mettait en rapports d’affaires, ne voulaient pas admettre que je fusse Français et s’obstinaient à me croire leur compatriote.

— Bon ! fit Vent-en-Panne ; tu es venu à la Côte avec le frère de Pitrians, n’est-ce pas ?

— Oui, et tu dois le connaître, puisque qu’il a été reçu frère de la Côte en même temps que moi.

— Je le connais en effet ; j’ajouterai même que l’on m’a donné d’excellents renseignements sur son compte.

— Ah ! fit l’Olonnais, comprenant de moins en moins où son ami voulait en venir.

— Oui, mais comme toi tu le connais sans doute plus particulièrement que moi, je voudrais avoir ton opinion sur ce garçon : et savoir si c’est un gaillard solide ; en un mot si l’on peut au besoin compter sur lui ; un homme enfin.

— Cher ami, je connais Pitrians depuis plus de quinze ans déjà, bien que je sois encore très-jeune ; nous avons navigué ensemble sur toutes les mers ; partagé les souffrances les plus atroces, les plaisirs les plus effrénés ; donc je le connais mieux que personne ; et mieux que personne, je puis te renseigner sur son compte.

— C’est précisément ce que je désire.

— Eh bien, dans la joie comme dans la douleur, dans la misère comme dans l’abondance, je l’ai toujours vu le même ; c’est à dire honnête, dévoué, plein de cœur ; un homme enfin, comme tu en cherches un, sur lequel on peut se fier en tout et pour tout.

— Mordieu ! tu fais de lui un bel éloge ! s’il le mérite c’est un grand et noble caractère !

— Je suis encore resté, crois-le bien, au dessous de la vérité.

— Oh ! oh !

Il y eut alors un silence.

Vent-en-Panne semblait profondément réfléchir ; l’O-