lonnais attendait ; Vent-en-Panne reprit tout à coup la parole.
— Matelot, dit-il brusquement, tu avais raison l’autre jour.
— Hein ! que veux-tu dire ? je ne comprends pas, fit-il d’un air distrait.
— Allons, allons, reprit gaîment Vent-en-Panne, n’essaie pas de me donner le change ; puisque je suis franc avec toi, sois-le avec moi ; je te répète que tu avais raison, ou, si tu le préfères, que tu avais parfaitement deviné ; oui, je suis demeuré pendant vingt-quatre heures, enfermé chez moi, sans sortir et sans répondre à personne ; je ne dormais pas, j’entendais fort bien tout ce qui se faisait derrière ma porte.
— Ah ! tu en conviens à présent ?
— Complétement, tu le vois ; Est-ce que tu n’es plus curieux de savoir pourquoi je m’obstinais ainsi à garder le silence ?
— Matelot, la confiance ne se commande pas, chercher à surprendre les secrets d’un ami est à mon sens une mauvaise action ; je t’ai interrogé l’autre jour, j’ai eu tort, je le reconnais ; aujourd’hui tu penses pouvoir rompre le silence, je suis prêt à t’écouter, mais je ne ferai rien pour provoquer de ta part une confidence, dont peut-être plus tard tu te repentirais.
— Merci, matelot, je n’attendais pas moins de toi ; mais rassure-toi, cette confidence je la fais de mon plein gré ; avant de parler, j’ai voulu bien réfléchir sur la ligne de conduite que je devais adopter ; on se repent souvent d’avoir agi avec trop de promptitude. Il y a dans la vie de l’homme certaines situations parfois tellement sérieuses, que la moindre imprudence peut causer d’irréparables désastres ; écoute-moi, je serai bref, d’ailleurs ce que j’ai à t’apprendre peut-être le soupçonnes-tu déjà, il est donc inutile de s’étendre sur un pareil sujet. Tu sais dans quel but nous avions tenté l’expédition de la Maguana, tu sais comment, grâce à un hasard extraordinaire, cette expédition à réussi ; c’est-à-