Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dire comment, au moment où je désespérais de retrouver jamais ces papiers, si importants pour moi, ils tombèrent entre mes mains.

— Oui, je me rappelle tout cela, eh bien ?

— Eh bien, frère, reprit Vent-en-Panne, en fixant sur le jeune homme un regard d’une expression singulière, les vingt-quatre heures pendant lesquelles je suis resté enfermé, ont été employées par moi, à lire ces papiers. Ils contiennent d’effroyables révélations ; des secrets dont mon cœur a été glacé d’épouvante ; entre autres choses, j’y ai lu tous les détails d’un complot horrible, ourdi contre le duc de la Torre et sa famille.

— Contre le duc de la Torre ! s’écria le jeune homme en bondissant de colère.

— Oui ; mais calme-toi et laisse-moi finir ; le duc de la Torre a été l’hôte des Frères de la Côte à Saint-Domingue, nous lui avons promis, et toi-même tu t’es engagé, si ce qu’on m’a rapporté est vrai, à lui porter secours, s’il réclamait notre assistance.

— Oui, c’est vrai ; je suis prêt à tenir ma parole.

— Très-bien, seulement je te ferai observer, que le duc de la Torre n’est plus à Saint-Domingue ; peut-être même a-t-il déjà quitté la Vera-Cruz ; de plus il ignore ce qui se trame contre lui ; où le prendre pour l’avertir de se tenir sur ses gardes ? lequel de nous osera risquer sa tête, pour aller, soit à la Vera-Cruz, soit dans toute autre partie du territoire Espagnol, l’avertir d’un danger peut-être problématique ; en somme ce complot n’est encore qu’à l’état de projet ; d’ailleurs nous connaissons fort peu ce gentilhomme, bien que nos rapports avec lui aient été excellents ; de plus il est Espagnol, c’est-à-dire notre ennemi.

— Si je ne te connaissais pas, matelot ; si je ne comprenais que tu me parles ainsi, non pas pour me détourner de la dangereuse mission que tu veux me confier, et dont je te remercie, mais pour bien m’en faire sentir toutes les conséquences probables, au cas ou j’échouerais, je