des défaites, dont les conséquences étaient désastreuses pour son orgueil et surtout pour ses finances.
Un promeneur matinal, qui se serait trouvé sur le bord de la mer, à peu près à la hauteur du village de Medellin vers cinq heures du matin, dix ou douze jours après les événements rapportés dans notre précédent chapitre, aurait assisté à une scène singulière et fort intéressante ; mais sur une étendue de plus de quatre lieues, le rivage était complétement désert ; les oiseaux et les poissons furent, par conséquent, seuls témoins de la scène en question.
Un peu après le lever du soleil, un charmant petit navire, coquettement espalmé, d’une finesse de formes exquises, et dont la marche devait être supérieure, se dégagea des brumes, qui aux premières heures du jour s’élèvent de la mer, comme un rideau diaphane se balançant au gré de la brise, et laissa arriver en grand sur le rivage.
Lorsque le navire ne fut plus qu’à une portée de pistolet de la côte, il vint au lof, brassa ses vergues, mit sur le mât, et demeura stationnaire ; s’inclinant gracieusement aux caprices de la houle.
Cette manœuvre exécutée, avec une adresse et une agilité merveilleuse, deux embarcations se détachèrent des flancs du navire, et firent force de rames vers le rivage, où elles ne tardèrent pas à atterrir.
La première et la plus petite de ces embarcations était montée par six hommes, dont quatre portaient le costume de marins ; les deux autres, grands gaillards vigoureusement découplés, aux cheveux noirs comme l’aile du corbeau, au teint presque olivâtre, et aux favoris taillés en côtelettes, étaient vêtus du pittoresque costume de majo andalou, généralement adopté alors par les arrieros riches, c’est-à-dire possesseurs d’une recua de mules.
Laissant un de leurs compagnons à la garde du canot, les cinq autres étrangers sautèrent gaiement à terre, et se préparèrent à faire accoster la plus gran-