Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/102

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— Eh bien, dit en riant Vent-en-Panne à son ami, tu vois que cela n’a pas été difficile.

— C’est vrai, mais à quoi cela nous a-t-il servi ?

— Comment ! à quoi cela nous a servi ? mais d’abord a savoir les noms de ces deux dames, noms que, entre parenthèses, je trouve charmants, et toi ? ensuite à découvrir que nos ex-prisonniers sont des gens beaucoup plus importants qu’il ne leur plaît sans doute de le paraître.

— Et quand et comment as-tu fait cette belle découverte ? dit-il avec ironie.

— Le plus naturellement du monde, lorsque doña Lilia a été brusquement interrompue par sa compagne, au moment où elle allait probablement laisser échapper son secret.

— Oui, je me le rappelle à présent ; en effet, cela m’a frappé.

— Mais voici que nous entrons dans la plaine de l’Artibonite, reprit Vent-en-Panne : attention ! Dans une heure, peut-être plus tôt, nous rencontrerons le Poletais.

Il était environ dix heures et demie du matin ; la caravane marchait depuis plus de six heures ; la route qu’elle suivait, au lieu de la conduire dans la forêt, l’avait menée au centre d’une savane immense couverte de hautes herbes, d’épaisses futaies, et coupée ça et la par des marécages et des cours d’eau assez larges, mais peu profonds. Le morne de Curidas, laissé un peu sur la droite, dominait