Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/162

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les forces de son matelot n’étaient pas complètement revenues ; de plus il devait le défendre même au péril de sa vie pendant le combat.

Ces associations avaient l’avantage de tripler la force des équipages et de rendre ces hommes invincibles ; ces liens fraternels, formés au milieu des périls et des privations, devenaient presque toujours indissolubles, et souvent ne se rompaient même pas à la mort de l’un des associés ; le survivant continuait sa tâche en adoptant la famille de son matelot défunt, et poussait parfois l’abnégation jusqu’à épouser sa veuve, que souvent il n’avait jamais vue ou qu’il n’aimait pas, dans le seul but de donner un père à ses enfants.

Voila quel était le matelotage parmi les boucaniers ; cette tradition s’est conservée presque intacte jusqu’à ce jour dans notre marine. Les officiers, qui en reconnaissent toute l’utilité et qui savent combien elle profite à la discipline et à la régularité du service, ont grand soin de l’entretenir et de l’encourager sur les bâtiments de l’État.

Mais cette association est plus générale et a jeté des racines plus profondes sur les navires de la marine du commerce, parce que là les hommes se connaissent depuis leur enfance, sont presque toujours du même pays et ont pour ainsi dire presque toujours vécu ensemble.

Les chefs d’expédition étaient tenus d’avoir un