Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/193

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line, ma cousine Elmina et moi nous avons à causer de choses sérieuses, mais nous craignons les oreilles indiscrètes et nous ne voulons pas être entendues ; veillez à ce que personne ne s’approche de ce salon sans que nous soyons prévenues ; nous vous aimerons bien.

— Soyez tranquilles, chicas, personne n’approchera ; je veillerai moi-même ; tâchez donc, petite niña Lilia, de prendre enfin son secret, à votre sœur Elmina ; ce n’est pas bon pour une jeune fille d’avoir ainsi des secrets à elle toute seule.

— J’y tâche, répondit en riant doña Lilia ; j’y tache, maman Quiri.

— Bien, fillettes, gazouillez sans crainte comme les oiseaux du bon Dieu, qui ne sont ni plus purs ni meilleurs que vous ; je ferai bonne garde.

Et la négresse sortit avec un doux sourire.

Les deux cousines la suivirent des yeux jusqu’à ce que la porte se fût refermée sur elle.

— Ma chère Lilia ! dit alors doña Elmina, promets-moi tout d’abord de ne pas te moquer de moi ; car tu vas entendre plutôt l’histoire de mes sensations personnelles que celle d’événements graves et faits pour m’attrister ou m’inquiéter.

— Parle, querida ! Ne suis-je pas la moitié de toi-même ?

— C’est vrai. Écoute donc. Tu connais mon père, don José Rivas de Figaroa ; je ne te dirai donc rien de son caractère altier, sombre, orgueil-