Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/26

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ral ; après avoir fait la guerre d’Amérique avec Rochambeau et le marquis de la Fayette, il suivit en France son ancien général et son ami ; en 1789 il avait vingt-sept ans, il fut un des rares gentilshommes qui saluèrent avec un véritable enthousiasme l’aurore de l’ère régénératrice qui commençait à poindre. M. de Châteaugrand est issu de race guerrière, sa place était donc aux armées en 1792, il partit comme volontaire pour la frontière du nord ; il assista comme aide de camp de Pichegru à la prise des lignes du Wissembourg ; en 1795 il était général ; plus tard il suivit en Égypte le général Bonaparte, le 18 brumaire l’attrista, il comprit l’abîme vers lequel l’enthousiasme irraisonné des masses entraînait la France ; le héros de Lodi et des Pyramides marchait à pas de géant vers le but qu’il s’était marqué ; les populations fascinées le suivaient en l’acclamant ; ce n’était plus Bonaparte, ce n’était pas encore Auguste, c’était César, il n’avait plus qu’à étendre le bras pour saisir la pourpre impériale et confisquer à son profit les libertés si chèrement conquises par près de quinze ans d’une lutte gigantesque, soutenue contre toute l’Europe en armes ; la dernière heure de la République sonna, le comte de Châteaugrand comprit que le rôle des véritables soldats de 1792 était fini, que désormais toutes les aspirations de la France seraient étouffées et absorbées par la gloire d’un seul homme ; le comte