Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/283

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— Señorita, je me rendais ici directement lorsque je me suis trouvé face à face, au moment où j’y comptais le moins, avec mon honorable ami le señor don Torribio Moreno qui semble, Dieu me pardonne, prendre à tâche depuis quelques jours, de se faire mon satellite, tant il s’obstine à tourner autour de moi, je n’ai réussi qu’il y a une heure à peine à me retirer de ses griffes, à quelques pas d’ici seulement.

— Ah ! fit-elle en riant, et il vous a fallu une heure pour vous rendre ici ? vous ferez bien de changer votre cheval, mon cher capitaine, car en vérité, le pauvre animal doit être horriblement fourbu.

— Riez, riez, señorita, répondit-il d’un air piqué ; il faut que vous ayez un bien aimable caractère pour que le récit de mes contrariétés vous cause tant de joie !

— Bon ! vous vous fâchez, capitaine. C’est un moyen adroit de se tirer d’affaire.

— Nullement, señorita : et la preuve, c’est que je veux tout vous dire : je suis allé dans une pulqueria.

— Pour vous rafraîchir ?

— Non, pour voir.

— C’est boire, que vous voulez dire sans doute, fit-elle d’un air moqueur.

— Plaisantez, plaisantez, señorita ; cela n’empêche pas que je n’étais pas gai du tout, moi, je vous assure. Je me suis introduit dans un affreux