Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/292

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distance sans affectation ; je vous indiquerai l’endroit où elle se trouve. Surtout, n’oubliez pas votre promesse ?

— Señorita, j’aimerais mieux mourir que vous tromper.

— Voici ma main : au revoir, capitaine.

— Au revoir, señorita ! répondit-il en baisant la main mignonne qui lui était tendue.

La jeune fille lui fit une gracieuse révérence accompagnée d’un séduisant sourire, puis elle sortit du jacal.

Un instant après on entendit résonner sur la terre durcie le galop précipité de deux chevaux qui s’éloignaient.

Dès qu’il fut seul, après avoir jeté un regard soupçonneux autour de lui, le capitaine se baissa, fouilla dans un tas de feuilles sèches amoncelées dans un coin du jacal et en retira son fusil de boucanier qu’il y avait caché lorsque, quelque temps auparavant il était parti en compagnie de don Torribio Moreno.

— Voila mon Gelin, dit-il d’un air narquois ; il est bon de tout prévoir, et, si je rencontre mon brave matelot, je lui prouverai que je ne lui ai point menti.

Vers dix heures et demie du soir le capitaine Barthélémy descendait, dans une pirogue et se dirigeait, à force de rames, vers l’escadre boucanière qu’il avait aperçue pendant la journée.