Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/307

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sur un signe, j’accourrais à son secours. Elle m’a appelé, je suis venu.

— Tu sais que son père veut la marier ?

— Oui, avec un Mexicain.

— Le connais-tu, ce Mexicain ?

— Comment le connaîtrais-je ?

— C’est juste. Lorsque tu auras accompli la tâche que tu t’imposes, quelle récompense attends-tu de ton dévouement ?

— Aucune, Frère ; répondit le capitaine en hochant la tête avec mélancolie ; je n’espère rien, je n’ose descendre en moi-même ni interroger mon cœur, je deviendrais fou ; j’aime, je souffre, voilà tout.

Barthélemy lui serra la main.

Il y eut un long silence.

— À propos, dit tout à coup le boucanier, qu’est devenu ton ancien maître ?

— Boute-Feu ?

— Oui.

— Il été condamné par le conseil de la flibuste et est mort abandonné sur l’îlot du Requin.

— Tu es bien sûr qu’il est mort ?

— Supposerais-tu le contraire ?

— Je ne suppose rien. Frère ; Dieu m’en garde ! seulement, à mon avis, il me semble que ce n’est pas assez d’écraser la tête du serpent, qu’il faut encore la lui arracher pour être bien certain qu’il a cessé de vivre.