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— Armez une embarcation, qu’il soit à l’instant conduit sur la roche du Requin.

Plusieurs hommes s’élancèrent hors de la salle et quittèrent aussitôt l’auberge.

Ce fut en vain que Ourson intercéda pour que le misérable fût laissé libre de se brûler la cervelle, les flibustiers demeurèrent inflexibles.

Quelques minutes plus tard, Boute-Feu, solidement garotté et transporté dans une pirogue, quittait le Port-Margot, sous la conduite de dix flibustiers commandés par Montbarts, qui avait voulu exécuter lui-même la sentence.

Cette sentence était terrible.

La roche du Requin s’élevait à fleur d’eau à six lieues au large ; à chaque marée, la mer la recouvrait entièrement.

L’homme condamné par la justice implacable des flibustiers était abandonné sans vivres et sans armes sur cette roche, pour y attendre la mort dans des angoisses et des tortures horribles.

Tel était le sort réservé à Boute-Feu.

Une heure avant le lever du soleil, au moment où la marée commençait à monter, la pirogue accosta le débarcadère ; Montbarts et ses compagnons débarquèrent froidement, en hommes qui viennent d’accomplir un devoir.

À cette heure déjà probablement le boucanier n’existait plus.