Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/102

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fait de son pauvre corps ? murmura-t-il avec un sanglot qui lui déchira la gorge ; je serais si heureux de pouvoir, une fois encore, poser mes lèvres sur ses lèvres, hélas ! glacées par la mort !

Un soupir douloureux souleva péniblement la poitrine oppressée du vieillard.

— Mon cher et malheureux enfant, reprit-il en éludant cette question, à laquelle il lui était impossible de répondre, depuis quarante et un jours vous êtes étendu sur cette couche, en proie à un horrible délire !

— Quarante et un jours ? murmura le jeune homme avec désespoir ; hélas ! c’en est donc fait ! je ne la reverrai plus jamais !… jamais !… elle ! ma bien-aimée Dolorès, mon bonheur ! ma vie ! Oh ! mon Dieu ! mon Dieu !…

Ses yeux se fermèrent ; il demeura immobile, anéanti, à demi évanoui, mais entre ses paupières, mi-closes, les larmes continuaient à couler en abondance sur son visage, pâle comme un suaire.

— Comme il l’aimait ! murmura don Diego en cachant sa tête dans ses mains et fondant, lui aussi, en larmes.

En ce moment, une des portes de la chambre s’ouvrit et un homme parut.

Cet homme était Ivon Lebris.

Le jeune Breton était pâle, son front était couvert d’un large bandeau ; il portait le bras droit en écharpe.

Il s’approcha vivement des médecins, dont la consultation continuait toujours, et, s’adressant au docteur Arrault :

— Eh bien ? lui demanda-t-il avec anxiété.