Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/105

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Et s’approchant vivement du lit :

— Matelot s’écria-t-il, as tu réellement ta tête ? puis-je parler ?

— Oui, matelot, parle ; je suis bien faible, mais j’ai toute ma connaissance, parle sans crainte.

— À la bonne heure ! s’écria joyeusement Ivon, écoute-moi donc attentivement.

— Je ne perds pas une de tes paroles ; parle.

— Sache donc, matelot, que ces savants médecins, réunis en consultation, et il indiqua les médecins d’un geste railleur, veulent te faire subir une atroce opération ; ils prétendent que tu ne peux être sauvé à moins d’avoir la cuisse désarticulée au col du fémur, et encore ne sont-ils pas certains du succès de cette opération.

— Je ne veux pas être opéré, répondit le blessé d’une voix ferme, je préfère la mort à la mutilation.

— Bravo ! voilà qui est parler ! s’écria Lebris avec joie ; tu es un vrai marin.

— Et se tournant vers les médecins, il ajouta avec raillerie :

— Vous entendez, messieurs ?

Ceux-ci haussèrent les épaules, sans répondre.

— Si l’on voulait profiter de mon état de faiblesse, ou si l’on essayait de m’endormir avec un narcotique afin de m’opérer, reprit Olivier, je te supplie, matelot, de veiller sur moi et de me défendre au besoin.

— Sois tranquille, matelot, personne ne te touchera contre ta volonté. Et s’adressant aux médecins : Que résolvez-vous, messieurs ? leur demanda-t-il.

Les hommes de la science échangèrent entre