Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/106

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eux un regard significatif ; puis le plus âgé prit la parole au nom de tous :

— Nous n’avons plus rien à faire ici, monsieur, dit-il, nous nous retirons ; si le blessé succombe, lui seul l’aura voulu.

— Soit ! répondit Ivon ; il en sera ce qui plaira à Dieu.

Les médecins s’inclinèrent gravement et sortirent.

Comme Ponce-Pilate, ils se lavaient maintenant les mains de ce qui, selon eux, devait fatalement arriver, c’est-à-dire le trépassement de ce blessé rebelle aux ordres de la docte faculté.

— Bon voyage ! s’écria gaiement Ivon dès qu’ils eurent quitté la chambre, où seul le docteur Arrault était demeuré ; maintenant, à mon tour. Tu me donnes carte blanche, n’est-ce pas, matelot ?

— Tout ce que tu feras sera bien fait, matelot, répondit Olivier avec un mélancolique sourire.

— Merci ! s’écria Ivon.

Et, sans ajouter un mot, il sortit presque en courant.

Il fut absent à peine pendant cinq ou six minutes ; tout à coup il rentra suivi d’une vieille Indienne, assez sommairement vêtue, et qui ne s’avançait qu’en rechignant et comme malgré elle.

— Voici la bonne et brave créature qui m’a guéri, dit Ivon en riant, et j’étais, moi aussi, assez sérieusement déralingué, avec considérablement d’avaries dans mes œuvres vives ; pourtant, en moins de douze jours, elle m’a remis d’aplomb sur mes épontilles. Cette digne créature répond de ta guérison, si tu te laisses soigner par elle