Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/107

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à sa guise ; j’ai répondu pour toi que tu ne demandes pas mieux. Qu’en dis-tu ?

— Je ferai ce que tu voudras, répondit-il avec un sourire glacé.

— Donc, voilà qui est convenu. Vous entendez, bonne mère ?

La vieille baissa silencieusement la tête et s’approcha du lit.

Le docteur Arrault, devinant ce qu’elle désirait, se hâta de lever les couvertures et de défaire l’appareil compliqué dont la jambe était enveloppée.

L’aspect de la blessure était horrible les chairs étaient tuméfiées et violâtres, l’enflure était énorme.

L’Indienne examina attentivement la blessure pendant près de dix minutes.

— Il était temps murmura-t-elle ; quelques heures plus tard, et tout était fini ! Laissez la jambe ainsi, l’air lui fera du bien. Attendez-moi.

Elle sortit et resta pendant près d’une heure dehors ; enfin elle revint :

— Buvez ! dit-elle au blessé, en lui présentant un gobelet en corne rempli d’une liqueur de couleur verdâtre.

— Qu’est-ce que c’est que cette boisson ? demanda le blessé, en langue comanche.

Le visage de la vieille s’éclaira comme par enchantement.

— Oh ! s’écria-t-elle en le fixant avec une expression singulière.

— Regardez, ma mère, reprit Olivier en étendant son bras gauche vers elle.

L’Indienne releva vivement la manche de la