Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/115

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— Mon fils n’a pas la langue fourchue, je me rendrai au môle. Que mon fils soit heureux.

Elle saisit par le poignet la main que lui tendait le jeune homme, la posa sur sa tête, puis elle l’approcha de ses lèvres, la baisa avec émotion, et s’éloigna les yeux remplis de larmes.

— Pauvre femme ! murmura Olivier, je veux qu’elle soit heureuse !

En dînant, il raconta à don Diego la rencontre qu’il avait faite et ce qui s’était passé entre lui et la vieille Indienne.

— Le ciel vous tiendra compte de cette bonne action, mon enfant, lui dit doucement le vieillard.

Le lendemain, Olivier embrassa longuement, et les larmes aux yeux, son fils, qu’il lui fallait quitter ; puis, après avoir affectueusement pris congé de don Diego Quiros, il monta à cheval, et se rendit au Callao, suivi par un peon chargé de ramener l’animal au Chorrillo.

Sur le môle, Olivier aperçut la vieille Indienne. Mayava l’attendait accroupie sur un banc, un mince paquet de hardes posé à terre près d’elle ; Olivier lui sourit en lui disant de le suivre ; tous deux s’embarquèrent dans la baleinière du capitaine et se rendirent à bord.

Deux heures plus tard, le Hasard déployait toutes ses voiles, et s’élançait en haute mer comme un épervier en chasse ; bien avant le coucher du soleil, la terre avait disparu, on n’apercevait plus que les cimes chenues et couvertes de neige des hauts pics des Cordillères.

Le capitaine avait logé la vieille Indienne dans une cabine près de la sienne ; le cuisinier avait