Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/114

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— Mon fils le croit-il ? s’écria-t-elle vivement.

— Certes, bonne mère, sans vous je serais mort.

— Mon fils, s’il le veut, peut rendre Mayava bien heureuse.

— Bon ! Que faut-il faire pour cela ! Parlez, bonne mère, je le ferai.

— Mon fils le promet ?

— Sur mon honneur, oui, bonne mère ! parlez donc sans crainte.

— Mayava souffre, reprit-elle d’une voix plaintive ; les arbres qu’elle voit ne sont pas ceux qui ont abrité sa jeunesse ; elle ne reconnaît pas la terre sur laquelle elle pose ses pieds ; les nuages qui courent au-dessus d’elle dans le ciel ne sont pas ceux qu’elle était habituée à voir ; elle souffre.

— Vous voudriez revoir votre pays ?

— Mayava a le cœur rouge, elle voudrait retourner près des hommes de sa race ; elle les a quittés comme une ingrate, par une curiosité que lui avait soufflée le mauvais esprit ; mais le Wacondah a enlevé la peau épaisse qui recouvrait son cœur ; elle se repent et pleure les grandes savanes remplies de gibier de toutes sortes.

— Bon ! ma mère parle bien ; ce qu’elle désire, son fils le fera : il la conduira dans l’atepetl de sa nation, et la présentera aux grands Sachems de la Case-Médecine.

— Mon fils le ferait ?

— Je l’ai dit ; demain, deux heures après le lever du soleil, ma mère se rendra sur le môle du Callao, je serai là, je l’attendrai.