Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/126

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ci en souriant ; il ne doit y avoir ici, vous le savez, que votre vieil ami don Carlos de Santona.

— Bien ! à votre aise, cher don Carlos ; je sais garder un secret. Mais asseyez-vous donc, je vous prie, ajouta-t-il en lui poussant un fauteuil.

Notre ancienne connaissance, don Carlos de Santona, dont la modestie s’effarouchait du titre de duc, s’assit en face du banquier.

— J’arrive de Madrid, dit-il.

— Aujourd’hui ?

— À l’instant. Je ne me suis arrêté nulle part ; je suis descendu devant votre porte avec l’intention de vous demander une hospitalité de quarante-huit heures. Mais, à présent, je ne sais si je dois le faire.

— Pourquoi donc cela, cher don Carlos ?

— Dame ! parce que je crains de vous gêner. Votre maison, que toujours j’ai vue si tranquille, me parait en pleine révolution. Vous serait-il arrivé quelque accident fâcheux, cher monsieur Maraval ?

Celui-ci se mit à rire.

— Rassurez-vous, dit-il : la révolution s’est terminée par mon abdication ; j’ai cependant conservé assez de pouvoir, soyez-en convaincu, pour offrir à un ami tel que vous l’hospitalité à laquelle il a droit.

— Comment ? de quelle abdication parlez-vous ? demanda le vieillard avec surprise.

— En un mot, cher señor, je me retire des affaires ; j’ai cédé ma maison à mon gendre, auquel, je l’espère, vous conserverez votre bienveillance, et je me prépare à retourner en France,