passé depuis votre retour en Amérique ; il me serait impossible de vous donner le conseil que, dites-vous, vous attendez de moi, si je n’étais pas complétement renseigné.
— C’est juste ; écoutez donc.
— Un instant encore ; vous devez avoir besoin de quelques rafraîchissements ?
— Ma foi, je ne ferai pas de cérémonie avec vous ; je suis à jeun depuis quarante-huit heures, de sorte que je meurs à peu près de faim.
— Alors, suivez-moi, je vais vous faire servir tout ce dont vous avez besoin.
— Mille fois merci !
Tous trois passèrent dans la salle à manger, où presque aussitôt Ivon Lebris fut attablé jusqu’au menton, en face d’un plantureux repas.
Sa première faim calmée, le Breton, tout en continuant à manger et à boire, entama bravement son récit, en remontant, à la prière de M. Maraval, au moment où celui-ci s’était séparé d’Olivier dans cette même ville de Cadix.
Ses deux auditeurs, littéralement suspendus à ses lèvres, écoutèrent ce long récit avec la plus sérieuse attention, sans l’interrompre une seule fois, se bornant à échanger, à certains passages, des coups d’œil expressifs.
Quand Ivon Lebris arriva à la visite de l’alcade de Santa-Buenaventura, à la remise de la lettre et à l’émotion qu’elle lui avait fait éprouver, le marin retira cette lettre de son portefeuille et, la présentant au banquier :
— D’ailleurs, lui dit-il, la voici, lisez-la.
M. Maraval prit la lettre, la déplia d’une main tremblante et la lut à voix haute.