Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/157

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Cette dernière partie du récit fut surtout reçue avec enthousiasme ; les Sachems et les chefs firent une véritable ovation au jeune homme, qui, dès ce moment, fut considéré comme faisant partie de la tribu.

Certes, s’il l’avait voulu, il n’aurait tenu qu’à lui de se fixer dans cette peuplade où tout le monde l’aimait, et dont les chefs auraient été heureux de le conserver près d’eux, comme compagnon ; non pas seulement à cause de sa bravoure — elle est commune parmi les Indiens : nul ne professe plus qu’eux un profond mépris de la mort — mais à cause de sa droiture et de sa grande connaissance de la vie du désert et de celle des blancs, ces ennemis implacables contre lesquels les Indiens sont sans cesse contraints de se défendre.

Mais l’intention d’Olivier n’était pas de s’établir dans une tribu : il voulait surtout vivre seul ; c’était expressément dans ce but qu’il avait abandonné son navire, s’était séparé de ses compagnons et avait de nouveau adopté l’existence tourmentée de sa première jeunesse.

L’Opossum, le grand Sachem de la tribu, avait installé le chasseur dans un calli très-vaste et bien aéré, assez rapproché du sien, et, dans son affection pour le libérateur de sa fille, comme il se plaisait à nommer Olivier, il avait muni ce calli de tout ce qu’il supposait devoir être non-seulement nécessaire, mais encore agréable à son hôte.

Mayava, sans y avoir été invitée, s’était, de sa propre autorité, chargée de tout tenir en ordre, de préparer les repas du jeune homme et même de soigner son cheval.