Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/162

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lesquels il s’était temporairement associé pour chasser le bison, le jaguar et l’ours gris ; tous ces chasseurs l’aimaient, parce qu’à la plupart d’entre eux il avait rendu certains services importants, sans jamais avoir eu lui-même recours à personne.

Quelle existence pouvait être comparée à celle de cet homme ?

Il était libre, dans toute la rigoureuse acception du mot ; il ne reconnaissait d’autres lois que celles de sa conscience, ne souffrait d’autre frein que celui qu’il s’imposait à lui-même ; se laissant en toutes circonstances guider par son cœur d’abord, par sa raison ensuite.

Le désert lui appartenait.

Il y vivait à sa guise, sans être arrêté par aucune de ces entraves honteuses ou mesquines que la société impose à ses membres.

Cette existence, pleine de péripéties émouvantes, était en réalité la plus belle, la plus grande, la plus noble que jamais puisse rêver une imagination humaine !

Aussi Olivier en jouissait-il complétement sans arrière-pensée, comme sans désirs et sans regrets de ce qu’il avait abandonné.

En un mot, il se trouvait heureux, et il l’était réellement ; car la vie du désert élève l’âme, agrandit les idées, anoblit le cœur et fait comprendre à l’homme l’existence telle que Dieu l’a faite pour son bonheur : débarrassé des lâches convoitises, des coupables aspirations et des méprisables spéculations de la vie mesquine, étriquée et égoïste des villes, où chacun essaie d’éta-