Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/163

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blir sa fortune sur la ruine de son voisin ou le déshonneur d’un ami.

Olivier, suivant la coutume des coureurs des bois et des chasseurs, avait, aussitôt qu’il s’était séparé des Comanches-Bisons, quitté son nom, pour prendre un pseudonyme de guerre adapté au métier auquel il se livrait ; en cela il avait non-seulement le désir de se conformer aux usages de la Prairie, où chacun, soit pour une raison, soit pour une autre, se pare de noms de fantaisie, mais surtout dans le but de dérouter les recherches de ses amis, si la pensée leur venait par hasard de s’enquérir de lui, et d’essayer de suivre sa piste à travers les savanes et les forêts vierges. Bien d’autres chasseurs n’avaient pas des raisons aussi innocentes pour se couvrir d’un incognito rigoureux.

Quant à Olivier, il était connu, depuis les frontières mexicaines jusqu’à l’Orégon, sous le nom assez singulier et fort peu euphonique de la Chaudière-Noire, sobriquet caractéristique que lui avaient donné les chasseurs canadiens, à cause du chaudron que le jeune homme portait toujours attaché sur la croupe de son mustang ; ustensile fort précieux dans les savanes, mais dont peu de chasseurs avaient songé, à cette époque déjà éloignée de nous, à se charger.

Quant aux Peaux-Rouges, ils le connaissaient sous le nom de la Panthère-Bondissante.

Ainsi déguisé sous ces deux appellations étranges, Olivier se supposait, avec quelque apparence de raison, à l’abri de toute curiosité désagréable, de quelque côte qu’elle vint ; d’autant plus que, se conformant toujours aux coutumes