Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/164

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de la Prairie dans ses conversations avec les autres chasseurs, il ne faisait, ni de près ni de loin, allusion à aucuns faits de sa vie passée ; sa nationalité était même inconnue ; chacun était libre de le supposer Français, Espagnol, Anglais ou même Portugais, car il parlait avec la même facilité ces diverses langues.

Mais au désert, chacun ayant, pour une raison ou pour une autre, un grand intérêt à cacher certaines circonstances de sa vie passée, personne ne se formalisait de la réserve du jeune homme.

Lui-même avait dit une fois en riant à un naturaliste français, auquel, pendant quelque temps, il avait consenti à servir de guide, et qui lui demandait certains renseignements sur la population blanche et errante des savanes :

— Cher monsieur, les déserts américains sont peuplés par des déclassés, tués moralement par la civilisation des puissants États du vieux monde, et qui renaissent physiquement dans la vie sauvage des savanes.

Le savant avait compris il se l’était tenu pour dit et n’avait plus interrogé son guide.

Parmi les chasseurs avec lesquels Olivier s’était lié plus étroitement qu’avec d’autres, il en était un pour lequel il éprouvait une prédilection et une affection particulière.

Ce chasseur était un Canadien Bois-Brûlé de la rivière Rouge ; il se nommait Belhumeur.

C’était un jeune homme de vingt-quatre ou vingt-cinq ans, haut de plus de six pieds anglais, vigoureux à l’avenant, bien fait et d’une physionomie