Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/199

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quelques minutes, il rendit le calumet au Sachem.

— Je remercie mon père, dit-il.

Olivier connaissait trop les mœurs des Peaux-Rouges et la sévérité de leur étiquette, pour se hasarder à prendre la parole sans y être invité, si sérieux que fussent les motifs qui l’amenaient au campement.

Enfin le Sachem fit tomber avec sa baguette medecine la cendre restée dans son calumet, et le repassa à sa ceinture.

— Mon fils est le bienvenu, répéta-t-il ; pourquoi a-t-il tant tardé à revenir près de ses frères rouges ?

— J’ai longtemps chassé sur les bords du Meschacebé et du Missouri, répondit Olivier aujourd’hui seulement, au coucher du soleil, je suis arrivé dans la savane du Calli-en-Pierre ; c’est par hasard, il y a quelques minutes seulement, que j’ai appris, par un chasseur, que mes frères les Bisons-Comanches étaient campés près du Gila, sur leur territoire de chasse.

— Mon fils a vu Sans-Piste ?

— Je l’ai vu, dit Olivier en baissant tristement la tête.

— Et ce que j’ai refusé à Sans-Piste, mon fils la Panthère-Bondissante me le demande ?

— Telle était, en effet, mon intention en venant ici.

— Alors, mon fils a réfléchi ?

— Oui, malgré tout le désir que j’éprouve de sauver ces pauvres gens ; j’ai pensé qu’un aussi grand Sachem que le Nuage-Bleu, dont mieux que personne je connais la bonté et la sagesse, a dû avoir de sérieux motifs pour refuser de venir en