Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/208

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l’état de faiblesse où il est, lui serait peut-être funeste.

— C’est vrai ! murmura le jeune homme avec douleur, sans songer à essuyer les larmes qui coulaient lentement le long de ses joues ; vous avez raison, mon ami, j’attendrai.

— Que mon fils soit homme, dit le Sachem ; il est aimé du Wacondah, son ami vivra.

— Merci ! chef, vous me rendez à moi-même ; retournons au campement, j’ai besoin d’être seul pour me livrer librement à ma douleur.

— Ma présence est inutile ici en ce moment, reprit M. Maraval ; si vous y consentez, je vous accompagnerai, mon ami ?

Olivier le regarda, comme s’il eût voulu lire ses plus secrètes pensées au fond de son cœur.

M. Maraval baissa lentement la tête.

— Soit, répondit Olivier au bout d’un instant ; après tout, mieux vaut nous expliquer tout de suite ; venez donc, mon ami.

Les deux Européens regagnèrent le campement des Peaux-Rouges, en compagnie du Sachem. Pendant le trajet, ils n’échangèrent pas un mot.

Ils pénétrèrent dans le calli du chasseur. Par suite de cette délicatesse innée chez les Peaux-Rouges, le Sachem, ne voulant pas quitter son fils adoptif dans l’état de surexcitation nerveuse où il le voyait, mais ne voulant pas non plus le gêner dans son entretien avec son ami, s’était accroupi un peu à l’écart.

Il y eut un assez long silence ; sans doute les deux hommes redoutaient également d’entamer l’entretien.

Cependant Olivier, frappé déjà douloureuse-