tacts malsains, vous êtes sorti pur de toutes les épreuves, et, sans autre guide que votre cœur, vous avez su, à force de volonté, vous conquérir une position enviable à tous les points de vue.
— Ne m’en sachez aucun gré, madame, répondit-il en hochant la tête, je n’ai fait aucun effort pour cela j’ai obéi à mon instinct, à des dispositions innées que j’ignorais moi-même posséder. Il paraît que je suis né bon, comme d’autres naissent méchants, voilà tout. Le hasard de mon organisation a tout fait ; quant à moi, je vous le répète, je n’y ai été pour rien absolument.
— Vous ne savez ce que vous dites ! s’écria-t-elle en riant ; mais, heureusement, ceux qui vous connaissent ont de vous une meilleure opinion que celle que vous en avez vous-même.
M. Maraval rentra alors ; il semblait radieux.
— Tout est terminé, dit-il joyeusement : chevaux, mules, arrieros, tout est acheté, loué, arrêté ; j’espère que je n’ai pas perdu de temps, hein ?
— C’est affaire à vous, mon ami, répondit Olivier ; ainsi ?…
— Nous partirons demain après déjeuner ; l’arriero viendra charger à huit heures du matin.
— Déjà ! murmura-t-il avec regret.
— Encore ? lui dit doña Carmen en le menaçant du doigt.
— C’est vrai, j’ai tort ; pardonnez-moi, madame, ce mot sera mon dernier cri de révolte.
Le lendemain, à onze heures du matin, les deux amis quittèrent Cadix, en route pour Madrid.