Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/247

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— Il le faut !

Alors il se redressa ; par un effort suprême de volonté, il rendit le calme à son visage, empêcha ses artères de battre ; un sourire vint errer sur ses lèvres un peu blêmies, et posant sa main, ferme désormais, sur le bouton de la porte, il le tourna.

La porte s’ouvrit ; il entra.

M. Maraval et Olivier avaient fait une grande diligence.

Laissant les arrieros marcher à leur guise avec les gros bagages, suivis par un seul domestique portant une assez lourde valise sur la croupe de son cheval, ils avaient galopé grand train, n’emportant avec eux que le strict nécessaire.

Grâce à l’excellence de leurs chevaux, bêtes de grand prix, choisis avec soin par le banquier, ils avaient fait vingt-cinq lieues par jour, sans trop se fatiguer, de sorte qu’en cinq jours ils avaient franchi les cent douze lieues qui séparent Cadix de Madrid ; ils étaient entrés dans la capitale de la monarchie espagnole juste vingt-quatre heures seulement après le courrier porteur de la lettre pour le duc.

Entrés à Madrid vers dix heures du matin, ils s’étaient arrêtés calle de Atocha, dans un hôtel français ; ils avaient fait leur toilette ; puis après le déjeuner, que, sous différents prétextes, Olivier avait prolongé le plus possible — plus le moment de l’entrevue approchait, plus il sentait son courage faiblir — ils étaient enfin sortis et s’étaient dirigés vers la Puerta del Sol.

Olivier avait éprouvé, malgré lui, une vive émotion à la vue du palais grandiose habité par sa famille ce n’avait pas été sans un violent bat-