Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/248

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tement de cœur qu’il en avait enfin franchi le seuil.

Son émotion avait augmenté quand il avait traversé les immenses, cours entourées de cloîtres mauresques et rafraîchies par les gerbes d’eau des bassins de marbre qui en occupaient le centre ; cette émotion devint plus vive encore lorsqu’il vit les difficultés que l’on opposait à son entrée dans le palais ; il éprouva alors un vif ressentiment intérieur, se persuadant presque que les ordres donnés par le duc l’avaient été expressément pour lui ; le banquier fut contraint de l’entraîner de force à sa suite, et ce fut presque avec répulsion qu’il passa à travers cette foule de serviteurs, et qu’il se résigna à attendre dans un salon la réponse définitive du duc, à qui le banquier avait ordonné que sa carte fût immédiatement remise.

Olivier, malgré les observations de son ami, s’obstinait à voir, dans le retard mis à l’introduire, un parti pris de l’humilier, sans réfléchir que le duc le supposait encore à Cadix, et par conséquent ne devait pas l’attendre ; qu’il n’y avait dans tout cela qu’un malentendu, dont lui-même était la cause première, et qui ne tarderait pas à s’éclaircir à son entière satisfaction.

— Non, répétait-il en secouant la tête et fronçant le sourcil, vous me direz tout ce qui vous plaira, mon ami, mais vous ne me persuaderez jamais qu’il n’y a pas au fond de tout cela un affront froidement médité. Venez, retirons-nous, nous ne sommes que trop longtemps demeurés dans cette maison où moi surtout je n’aurais jamais dû consentir à mettre les pieds.

— Vous êtes fou, mon ami, répondit le banquier