sienne la main d’Olivier, et, l’amenant devant une grande glace de Venise :
— Regardez-moi et regardez-vous, mon ami, lui dit-il de sa voix la plus affectueuse : vous lirez ma réponse dans cette glace.
Le jeune homme fit un geste de surprise.
— Regardez, insista doucement le vieillard.
Olivier obéit ; ses yeux se fixèrent sur la glace.
Il y eut un instant d’anxiété poignante, les trois acteurs de cette scène étrange étaient immobiles, muets, haletants, en proie à une indicible émotion.
Olivier, après une minute de sombre examen, passa sa main sur son front blêmi : un sourire étrange se dessina sur ses lèvres ; puis, mettant un genou en terre, courbant la tête devant le vieillard aussi pâle et aussi défait que lui :
— J’ai regardé, j’ai vu et j’ai compris, mon père, dit-il d’une voix que malgré lui l’émotion brisait, me voici à vos ordres, prêt à vous obéir. Que voulez-vous de moi, mon père ?
— Don Carlos, répondit le duc, les yeux pleins de larmes, et aidant le jeune homme à se relever, je veux que vous m’aimiez comme je vous aime.
— Je tâcherai, mon père, répondit-il simplement Dieu m’est témoin que tous mes efforts tendront à ce but.
— Merci, mon fils, répondit le duc en lui ouvrant ses bras, dans lesquels Olivier se laissa tomber, dompté et attendri par tant de charmante bonté.
— J’ai été coupable envers vous, mon fils, bien coupable, reprit le duc après un instant ; mais si,