Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/274

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allié, sur l’aide duquel elle pourrait compter sans restriction.

On comprend que, les choses ainsi posées, la situation ne devait pas tarder à se dessiner nettement, d’autant plus qu’Olivier, accueilli avec cette franchise cordiale qui semble venir du cœur, se laissa facilement séduire, désireux qu’il était de se soustraire à cette étiquette qui lui faisait horreur, et autant que possible jeter un élément d’intérêt dans la vie triste et monotone à laquelle il était condamné à Madrid, dont les tertulias froides et collet monté n’avaient pour lui aucun charme. Il répondit donc aux chaleureuses avances de son beau-frère et de sa sœur comme ils le voulaient ; il devint bientôt le commensal du château, où, par les soins de doña Santa, un appartement avait été aussitôt disposé pour lui, avec ce tact si fin et si délicat que possèdent les femmes, et dont elles savent si bien se servir lorsqu’il s’agit de satisfaire les goûts d’une personne qu’elles aiment réellement.

Balmarina était véritablement une habitation princière ; il avait son histoire. Bâti au milieu d’un parc de plusieurs lieues, ressemblant à une forêt, traversé par plusieurs cours d’eau, situé dans une position des plus pittoresques, au sommet d’une colline assez élevée, entouré de plusieurs fermes importantes dépendant directement du château ; le parc regorgeait de gibier de toutes sortes, que l’on pouvait, pendant des journées entières, chasser à courre sans sortir de ses domaines.

Cette splendide demeure avait été construite en 1562, par don Alonso Pacheco Tellez, rico-hombre,