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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/273

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C’était un très-bel homme, fort recherché des femmes, dont il se laissait adorer ; très-fat, médiocrement intelligent, ni bon ni mauvais, très-vaniteux et surtout très-égoïste, chez lequel le cœur n’avait jamais existé, moralement parlant ; tel enfin que doit être un don Juan ou un Lovelace ; d’autant plus redoutable, que chez lui la passion, toujours froidement calculée, n’était qu’une question d’amour-propre et une satisfaction des sens. Il ne s’était jamais donné la peine d’étudier le caractère de sa femme, que, du reste, il n’aurait pas compris.

Il y avait entre les deux époux cet abîme infranchissable qui sépare le matérialisme brutal du spiritualisme trop élevé.

Ces deux êtres si dissemblables devaient marcher ensemble dans leur vie commune, sans jamais se deviner ni s’apprécier à leur juste valeur.

Et au bout de tout cela, dans les secrets de l’avenir, peut-être y avait-il une horrible catastrophe dès qu’un choc décisif se produirait.

Bien que, par des motifs différents, la présentation d’Olivier à Balmarina causât une vive joie aux deux époux, c’était un élément nouveau jeté dans leur vie insipide, à leur éternel tête-à-tête.

Le marquis, en l’attirant chez lui, espérait trouver un allié inconscient, qui, par sa présence, empêcherait sa femme de s’apercevoir de ses trop fréquentes et longues absences. Doña Santa, au contraire, dont le cœur débordait et avait besoin de s’épancher, espérait trouver en son frère un confident auquel elle pourrait tout dire, un consolateur dévoué qui, au besoin, deviendrait un