Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/281

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de son mari, qui, ne l’aimant plus, ne l’ayant jamais aimée, prétendait-elle, feignait d’être jaloux d’elle.

Le marquis, avons-nous dit, avait six enfants : deux filles, toutes deux élevées au couvent de las Huelgas, couvent réservé aux filles de la grandesse espagnole, et quatre fils, que, par le conseil de son père, elle avait conservés près d’elle ; des maîtres de toutes sortes, très-bien rétribués, venaient chaque jour donner des leçons à ces jeunes enfants. De plus, ils avaient un gouverneur qui ne les quittait jamais et résidait au château de Balmarina.

Ce gouverneur, nommé don Pancho de Valmoral, appartenait à une famille de bonne et vieille noblesse, ruinée par les guerres de l’invasion française, et que des liens éloignés rattachaient à la famille Pacheco. Le père de don Pancho avait été un partisan convaincu du roi Joseph ; tout naturellement, au retour de Ferdinand VII, sa fortune avait été confisquée, il s’était trouvé subitement ruiné. Contraint de s’expatrier pour éviter de passer en jugement, il s’était réfugié en France, où, deux ans plus tard, il était mort de chagrin, laissant un fils jeune, instruit, intelligent, mais réduit la plus affreuse misère. Ce fils était don Pancho ; il était venu, traversant toute l’Espagne, Dieu sait au prix de quelles privations, se présenter, une lettre de son père à la main, au duc de Salaberry-Pasta.

Le duc, après l’avoir très-bien accueilli, l’avait assuré de sa protection ; en effet, dès que l’occasion s’en était présentée, il l’avait fait entrer chez sa fille, la marquise de Palmarès, en qualité de gouverneur de ses enfants.

Place fort belle, très-bien rétribuée, toute de con-