Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/288

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vuyant, tout mon être s est élance vers lui !… Pauvre Hasard !

— Mon frère, vous regrettez votre belle vie d’autrefois ?

— Hélas ! murmura-t-il.

— Sans doute ce navire vous rappelle bien des souvenirs ?

— Oui, Santa, ma sœur bien-aimée, répondit-il en lui prenant doucement la main et les yeux pleins de larmes, il me rappelle bien des souvenirs de joies et de douleurs ; c’est sur ce navire que j’ai été heureux comme il ne sera jamais donné à aucun homme de l’être en ce monde ; c’est aussi sur ce navire que mon cœur s’est brisé pour toujours ! Aujourd’hui, hélas ! il n’est plus que cendres.

Olivier cacha sa tête dans ses mains, essayant, mais en vain, d’étouffer les sanglots qui lui déchiraient la gorge.

— Mon frère, Carlos, mon cher Olivier, vous souffrez affreusement, s’écria-t-elle ; remettez-vous, je vous en supplie, vous m’effrayez.

Mais, si la douleur pouvait un instant abattre cette âme si fortement trempée, elle rebondissait vite et se relevait plus forte.

Olivier passa son mouchoir sur son visage et sourit.

— C’est fini, dit-il ; pardonnez-moi, ma sœur.

— Oh ! mon frère, j’avais deviné que vous aviez une grande douleur au cœur, mais jusqu’à ce jour je n’avais pas osé vous en parler. Vous me direz tout, Olivier ; je préfère vous donner ce nom, qui est celui que vous avez si longtemps porté ; vous