Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le marquis mangea peu et d’un air préoccupé ; il s’informa de son beau-frère.

— Nous ne savions pas avoir le bonheur de vous voir aujourd’hui, monsieur, répondit en souriant la marquise. Mon frère aime la chasse ; il court les bois depuis deux jours, mais j’espère qu’il reviendra ce soir.

— Don Carlos est heureux murmura le marquis ; ses plaisirs ne lui coûtent ni…

Il interrompit brusquement sa phrase, sourit avec amertume, se leva, salua cérémonieusement sa femme, et se retira dans son appartement, où il s’enferma.

Dès que la marquise fut seule, elle ordonna que l’on se mit aussitôt à la recherche de son frère, et qu’on le priât de se rendre sans retard au château, où le marquis de Palmarès était arrivé à l’improviste.

Olivier revenait tout en chassant, quand il fut rencontré par un des valets envoyés à sa recherche ; il pressa le pas, redoutant quelque événement sérieux.

La marquise l’attendait avec impatience.

Elle était dans une grande inquiétude, les manières de son mari l’effrayaient ; jamais elle ne l’avait vu aussi sombre ; elle craignait qu’il ne lui fût arrivé quelque désagréable aventure à la cour, peut-être même une disgrâce ; la position d’un courtisan est tellement précaire, surtout lorsque c’est une reine qui gouverne, il a tout à redouter de ses caprices imprévus.

Olivier essaya de rassurer sa sœur, tout en se gardant bien de lui faire part des soupçons que lui avait suggérés l’humeur sombre de son beau-frère,