Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/308

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La marquise se leva, livide, raide et froide.

— À mon tour murmura-t-elle avec une expression étrange dans le sourire, crispant les commissures de ses lèvres pâlies.

Et se tournant vers Olivier, qui l’examinait avec une appréhension secrète :

— Préparez-vous, mon frère, ajouta-t-elle : sans doute, avant une heure, nous serons, nous aussi, sur la route de Madrid.

Elle sortit d’un pas de statue, et referma derrière elle la porte avec bruit.

— Que médite-t-elle ? murmura le jeune homme effrayé du ton dont ces paroles singulières avaient été prononcées. Pauvre chère sœur ! N’importe ! quoi qu’il arrive, je ne l’abandonnerai pas dans cet état de surexcitation nerveuse !

Il monta à son appartement et s’habilla pour le voyage, puis il redescendit.

Il aperçut la voiture de la marquise, attelée de ses quatre mules blanches, arrêtée devant le double perron.

Le mayoral était en selle.

Deux valets de pied se tenaient immobiles de chaque côté de la portière ouverte.

Une demi-heure s’écoula.

Enfin la marquise parut. L’expression de sa physionomie avait changé ; elle était rayonnante.

— Partons, Olivier, dit-elle d’une voix brève.

Olivier l’aida à monter et s’assit en face d’elle.

Un valet de pied referma la portière.

Le mayoral fit claquer son fouet ; la voiture partit à fond de train.

Balmarina est à sept ou huit lieues de Madrid ; c’est un trajet de deux heures à peine.