Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/311

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cent vingt-cinq quadruples pour ses découvertes, et vingt-cinq pour me garder le secret (c’est-à-dire, en or français, environ 38, 250 francs) ; il partit riche, heureux et me bénissant ; j’aurais volontiers payé mille quadruples ces précieuses découvertes.

Alors, j’ai fureté dans tous les papiers de mon mari ; mais il est fin, et il se méfie de moi : tous les noms et toutes les dates sont soigneusement grattés, de façon à ce que, si ces papiers étaient découverts, il pût affirmer que ces lettres remontent avant l’époque de son mariage.

— Ainsi, vous le voyez, ma sœur, vous avez été punie par votre curiosité même.

— Vous croyez cela ? fit-elle avec ce fin sourire qu’Ève emprunta à Satan dans le paradis terrestre après avoir présenté la pomme à Adam : vous vous trompez, mon frère. J’ai une lettre, une seule, mais elle est signée en toutes lettres et datée : c’est le mignon billet que mon mari a reçu ce soir même par correo real ; pressé par le temps, il l’a jeté dans un tiroir secret, certain de le retrouver là, et de lui faire subir demain ou un autre jour la même opération qu’aux autres ; mais je guettais, moi ; j’attendais l’occasion ; je me suis empressée, et, morte ou vivante, je vous le jure, mon mari ne me l’arrachera pas des mains.

— Ma sœur, que prétendez-vous faire ?

— Je ne le sais pas encore moi-même, dit-elle pensive.

— Prenez garde ! ceci est beaucoup plus grave que peut-être vous ne le supposez.

— Que m’importe ! je souffre trop ! je me ven-