Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/312

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gerai ! Comment ? je l’ignore, mais ce sera terrible ! Je veux que ce lâche sache bien que je connais son infâme trahison, que je ne suis plus sa dupe ; je veux le souffleter avec cette lettre infâme, et demander à la reine une réparation éclatante !

— Mais, ma sœur, vous causerez un scandale épouvantable ; vous vous perdrez en perdant votre mari.

— Qu’est-ce que cela me fait ? ma vie n’est-elle pas perdue ? Je veux me venger, quoi qu’il advienne !

— Au nom du ciel, ma sœur ! calmez-vous, réfléchissez.

— Depuis seize ans je réfléchis, mon frère, répondit-elle amèrement.

— Et pourtant, dit-il d’une voix douce, dans votre colère insensée vous oubliez tout, même vos enfants ! Que deviendraient-ils après l’éclat que vous méditez ? Ils ne sont pas coupables, eux ! Pourquoi les rendre responsables des fautes de leur père ?

À ces paroles, la marquise bondit comme une lionne blessée, sur les coussins de la voiture.

— Mes enfants !… murmura-t-elle d’une voix brisée par la douleur, mes pauvres enfants ! Ah ! vous êtes cruel, mon frère, en me les rappelant ainsi. Mais, se remettant presque aussitôt : Et pourtant, vous avez raison, Olivier, reprit-elle mes pauvres petits enfants sont innocents, je dois leur épargner cette honte ; je commanderai à la juste colère qui gronde au fond de mon cœur je serai calme, je vous le jure…

— Ne vaudrait-il pas mieux tourner bride et