Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/325

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de ces bandes apparaissait marquée l’empreinte de cinq doigts sanglants.

Don Sylvio Carvajal désigna cette tache sinistre d’un regard à Olivier, en posant un doigt sur ses lèvres pour lui recommander le silence.

Le marquis ne voyait rien ; le flambeau tremblait dans sa main ; cependant il poussa la porte.

— C’est là dit-il d’une voix sourde.

Les deux hommes laissèrent échapper un cri d’horreur au spectacle hideux qui s’offrit tout à coup à leurs regards épouvantés.

Le marquis, après avoir fait quelques pas en chancelant, avait posé le candélabre sur la cheminée et s’était affaissé anéanti dans un fauteuil.

Cette pièce était une chambre à coucher ; tout y était pêle-mêle, confondu au hasard. Les tentures étaient déchirées par places ; les rideaux pendaient à demi arrachés ; les meubles étaient renversés et brisés ; les tiroirs, bouleversés, gisaient sur le sol, laissant à demi échapper ce qu’ils contenaient ; le ciel de lit ne tenait plus que par miracle ; les glaces étaient étoilées, les porcelaines renversées ça et là, au milieu de bijoux, de diamants de toutes sortes, jusqu’à des pièces d’or éparpillées sur le parquet et partout ; sur les murs sur les rideaux, des traces sanglantes de doigts et de mains crispés.

On aurait dit que des bêtes fauves enfermées dans cette pièce, s’étaient livrées un combat acharné sans merci.

Et au milieu de ce pêle-mêle, de ce tohu-bohu effroyable, la marquise, les vêtements lacérés, en désordre, à demi nue, gisait agenouillée sur le