Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/326

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sol, le haut du corps renversé sur une chaise longue, les yeux ouverts, écarquillés par l’épouvante, et les traits horriblement convulsés ; un pistolet de poche à monture d’argent ciselé, taché de sang, était sur le plancher, près d’elle. À travers ses vêtements en loques, on apercevait son corps couvert de blessures semblant faites par des fauves, et bleui par des coups frappés comme avec un assommoir ; mais aucune de ces blessures n’était mortelle, ni même grave ; la marquise avait été étranglée ; son cou tordu et tuméfié, les doigts de l’assassin marqués en taches livides, ne laissaient aucun doute à cet égard.

Particularité étrange, le pauvre cadavre conservait encore ses bijoux : diamants aux oreilles, bagues aux doigts, une lourde rivière au cou ; à quoi pensaient donc ces bandits dont le marquis avait parlé et qu’il avait dénoncés ? Comment, après avoir commis un crime aussi épouvantable, avec de si horribles circonstances, s’étaient-ils retirés les mains vides ? Tout avait été brisé et bouleversé, mais rien n’avait été volé. Ce fait était incompréhensible !

— Regardez ! s’écria tout à coup Olivier en désignant au chef de la police la main droite de la marquise.

— Oh ! oh ! fit don Sylvio Carvajal en hochant la tête à plusieurs reprises.

Il s’agenouilla près de la pauvre morte, desserra les doigts de sa main droite et enleva un papier froissé, taché de sang, qu’elle tenait caché dans sa main crispée.

Le marquis avait fait un mouvement brusque, comme pour s’élancer ; son regard avait jeté un