Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/327

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fulgurant éclair, mais il était aussitôt retombé inerte, à demi évanoui, sur le fauteuil.

Don Sylvio Carvajal déplia le papier et le parcourut des yeux avec une expression ressemblant à de l’épouvante.

— Lisez, monseigneur, dit-il à Olivier en lui tendant la lettre.

— Oh ! je comprends tout maintenant ! s’écria celui-ci avec désespoir, après avoir lu.

Le chef de la police avait ouvert le cabinet de toilette, par lequel le marquis prétendait que les bandits s’étaient introduits dans l’appartement ; les deux hommes y entrèrent : la fenêtre était brisée, en effet, mais elle l’avait été du dedans et non du dehors ; de plus, ils aperçurent une serviette tachée de sang, jetée sous un meuble ; une cuvette, dans laquelle restaient encore quelques gouttes d’une eau sanglante, avait été versée à la hâte par la fenêtre, au bas de laquelle il y avait une large place humide. Les deux hommes échangèrent quelques paroles rapides à voix basse et revinrent dans la chambre à coucher.

Le marquis n’avait pas fait un mouvement.

Don Sylvio Carvajal s’approcha de lui, et, d’une voix triste mais ferme :

— Monseigneur, lui dit-il, personne autre que vous n’a pénétré cette nuit dans la chambre à coucher de Mme la marquise de Palmarès ; son assassin, c’est vous !

— Moi ! s’écria-t-il avec épouvante, en jetant autour de lui des regards égarés.

— Vous ! Regardez-vous dans cette glace : vous avez encore sur le visage des taches de sang que vous n’avez pas songé à faire disparaître !